Pour débuter, rien de mieux que de jeter un petit coup d'oeil sur la première de couverture. On y voit un petit garçon (Yann) au premier plan qui se tient debout à côté d'un gros sac bleu. Il y a six autres garçons, tous au second plan, formant trois paires de jumeaux (positionnés en miroir). Ils sont au bord de l'Océan (on le devine grâce au titre) dans le froid (vu le vent qui fait voler leurs cheveux et vu les gros manteaux qu'ils portent) et ils n'ont pas l'air bien riche vu la qualité des vêtements qu'ils portent... Ce que l'on peut rajouter à ces observations c'est le nom de l'auteur "Jean-Claude Mourlevat" et que c'est un livre "Pocket, jeunesse".
Et maintenant, que se passe-t-il du côté de la quatrième de couverture?
"Une nuit, Yann réveille ses six frères aînés, tous jumeaux. Il faut fuir : leur père a menacé de les tuer. Irrésistiblement attirés pas l'Océan, les sept enfants marchent vers l'Ouest.
De l'assistante sociale au routier qui les prend en stop, au gendarme alerté de leur disparition à la boulangère qui leur offre du pain, chacun nous raconte à sa façon un peu de leur incroyable équipée."
Tiens donc !
- Le petit Yann et ses six frères (trois paires de jumeaux) : ils sont donc sept frères.
- C'est Yann qui doit être le héros, le guide pour ses frères vu sa position au premier plan sur la première de couverture et vu que c'est lui qui réveille ses six frères en pleine nuit.
- Ils sont pauvres.
- Ils ont l'air soudés.
- Ils s'enfuient en pleine nuit.
- Le père veut les tuer.
Cela ne vous rappelle donc rien? Allons, réfléchissez un peu...
Allez, un petit indice : la réponse est dans l'épigraphe du livre :
"Le plus jeune était fort délicat et ne disait mot." Le Petit Poucet, Charles Perrault.
Oui, voilà! Le conte "Le Petit Poucet" de Charles Perrault ! Comment passer à côté d'une énormité pareille? Surtout après tous ces indices parsemés dans le livre !
Les contes de Perrault ? Une merveille ! Mais alors jouer avec, m’en servir, les réécrire, les parodier, etc., est véritablement pour moi, un synonyme d’extase (vous l’aurez bien compris après la lecture de mon post précédent).
Parlez-moi d’un certain Jean-Claude Mourlevat qui se prend pour Perrault, ou du moins qui se base sur l’un de ses contes, le réécrit, le modernise à sa manière, et c’est parti la curiosité m’envahit et prend possession de tout mon être !
« L’enfant Océan » est un roman mélancolique où c’est la polyphonie narrative qui va nous guider à travers l’histoire du petit Yann et de ses frères; ainsi chaque chapitre est raconté par un personnage différent, soit acteur, soit témoin du voyage des sept frères. Les voix, les accents mais aussi les tons sont adaptés à la personne qui parle (cela peut devenir encore plus amusant si on se met à lire à haute voix les passages où se sont les parents qui parlent par exemple), dressant les différents portraits des personnages, poussant le lecteur à se forger sa propre opinion sur chacun d'eux, le transportant dans un lecture évasive et le transformant en enquêteur à la recherche d'indices disséminés par les narrateurs afin qu'il découvre la vérité sur le destin du petit Yann et de ses frères.
En somme, un roman pour la jeunesse incontournable, poignant, partargeant des valeurs souvent oubliées telles qu'une fratrie et une solidarité émouvante, ainsi que l'innocence pure d'un enfant qui est prêt à tout quitter, pour la survie de sept chatons et son envie irrésistible de voir l'Océan.
Je n'en dirai pas plus... Mais quand vous vous mettrez à cette lecture, écoutez ceci (cette musique nous est suggérée indirectement par l'auteur à travers les dires d'un des personnages vers la fin du livre) :
J'aimerais partager avec vous ce petit extrait du livre, un de ceux qui m'aura le plus touchée et qui m'aura mit une belle petite "boule au ventre" comme on dit :
"On a vu que ses deux pieds étaient blessés dessus, ça faisait des barres rouges pas bien jolies. Il était rudement courageux de continuer comme ça. Par-dessus le marché, la brûlure des orties avait couvert ses chevilles de petites cloques blanches. Comme personne ne répondait, sa bouche s'est tordue et il a commencé à pleurer en silence. J'ai fait comme si je l'avais pas vu, et les autres pareil. De toute façon, on n'avait pas de quoi le soigner, alors ça aurait rimé à quoi de faire semblant? Dans ces cas-là, si on console, c'est tout de suite les grandes eaux. Il vaut mieux regarder ailleurs." (Max Doutreleau)
Et je terminerai sur une touche d'humour : "Le Petit Poucet" par Florence Foresti !
Bonne lecture =)
Touky
- MOURLEVAT Jean-Claude, L'enfant Océan, Pocket, Pocket Jeunesse, Paris, 1999.
J'aime beaucoup l'extrait que tu as mis à la fin de ton article. C'est LE passage du livre qui m'a crevé le cœur...
RépondreSupprimerJ'adore Florence Foresti... dommage que cet extrait ne soit plus disponible...
RépondreSupprimerJe viens de faire une longue recherche google en vain. Les vidéos de ce sketch ont toutes été supprimées pour raison de droits d'auteur :(
SupprimerEn écoutant Bach, on comprend manifestement mieux l'ambiance du livre... C'est incontestable, cette musique transcende le roman.
RépondreSupprimerJe suis tout à fait d'accord, quelle musique !
SupprimerUn parallèle avec Florence Foresti pour conclure : +1 pour Touky ! :)
RépondreSupprimerHaha =D
SupprimerSuis-je vraiment la seule à ne pas avoir fait le lien avec "Le Petit Poucet"?? :p
RépondreSupprimerJ'aime beaucoup le passage de Florence Foresti, je l'ai vu quand ils ont passé son spectacle à la télévision il n'y a pas très longtemps :-)
(PS la vidéo a été supprimée...)
Je ne sais pas Sophie mais ne t'en fais pas =P
Supprimer(Oui j'ai vu, et sur tous les sites en plus... pour des raisons de droits d'auteur :( )