mercredi 29 février 2012

Le livre qui dit tout - Kuijer Guus


Je commence avec une citation que beaucoup reprennent également (page 38) :

"- Qu'est-ce que tu veux faire plus tard?
- Être heureux, répondit Thomas. Plus tard, je veux être heureux.
(...)
- Ca, c'est une vachement bonne idée. Et tu sais où commence le bonheur? Il commence quand on cesse d'avoir peur."

La peur régit la société. Elle empêche les enfants de connaître Mme Van Amersfoort, une veuve dont le mari est mort en sauvant la patrie. Elle empêche Thomas de déclarer sa flamme à la belle Eliza. Elle empêche la maman de Thomas de vivre pleinement. Elle empêche la famille de vivre en harmonie, les uns avec les autres.

La religion peut permettre beaucoup de justifications hasardeuses, comme beaucoup d'autres choses d'ailleurs (mais je ne veux pas rentrer dans un débat philosophique car vous savez à quel point j'aime la philosophie).

Mais lorsqu'on fait tomber les barrières, lorsque la peur prend la fuite alors là, la vie change.

Il faut le dire, bien qu'il soit plein d'humour, ce livre n'est pas tendre. L'univers familial de Thomas est un cauchemar. La copie conforme d'un nazi comme père, sa maman, battue par ce dernier, etc. Mais plus tard, Thomas veut être heureux.

Je recommande vraiment la lecture de ce livre qui aborde pas mal de thèmes tels que la vie après la guerre (2ème Guerre mondiale), la religion, les femmes battues, le féminisme, etc. Il vous fera passer par toutes les émotions possibles : la haine, la tristesse, la joie, etc. De plus il est facile à lire et se laisse dévorer en moins de deux heures.


Je termine par cet extrait que j'ai particulièrement aimé (pages 147 et 148) :

"Les anges l'attendaient avec impatience en poussant de profonds soupirs.
- Comment va Thomas? questionna l'un d'eux.
- Oui, comment va-t-il? demandèrent cent autres vois en choeur.
Il faut savoir qu'ils étaient tous désespérément amoureux de Thomas.
- Plutôt bien, dit Jésus.
- Allez-vous le rappeler bientôt auprès de vous? demanda un ange à la peau noire comme du charbon - on voyait ce genre d'anges de plus en plus souvent ces derniers temps. J'aimerais tellement jouer de la trompette pour lui.
- Non, dit le Seigneur Jésus en souriant. Vous n'avez de toute façon aucune chance avec lui.
- Et pourquoi pas? demandèrent les anges, consternés.
- Aucun d'entre vous n'a une jambe en cuir qui craque en marchant, dit-il.
Les anges restèrent sans voix. Ils étaient tous superbes, mais aucun n'avait une jambe en cuir. On ne peut pas tout avoir."


Touky

- KUIJER Guus, Le livre qui dit tout, Neuf, L'école des loisirs, Paris, 2007.

2 commentaires:

  1. Ton poisson bleu est un salopard. Il bouffe plus que les autres. (je ne savais pas où poster cette information capitale)

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  2. En effet Romain : capitale...
    Je suis ravie que tu aies saisi toute la poésie de ce récit, sa profondeur aussi. E. A. Poe disait : "La complexité est prise - erreur fort commune - pour de la profondeur." Ici, nous avons tout le contraire... une langue simple, une histoire simple, et tellement d'idées et de réflexions suggérées...

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