vendredi 18 mai 2012

Junk - Melvin Burgess

La quatrième de couverture

"Entre un père violent et une mère alcoolique, la vie de Nico est intolérable. Une seule issue : fuir. Fuir avec Gemma, son amie, qui le suit comme par défi. Mais que faire, à quatorze ans, sans ressources, dans les rues d'une grande ville ? Les deux adolescents rejoignent un squat et, très vite, sont pris dans l'engrenage de la drogue... Le jour où ils acceptent de l'héroïne, ils deviennent, sans en être encore conscients, des junkies. Dans ce roman encensé par la critique internationale, Melvin Burgess dépeint avec un réalisme saisissant, sans complaisance ni moralisme, les facettes d'un drame contemporain. Une lecture bouleversante et essentielle, car "il est préférable que les jeunes n'entendent pas parler de la drogue pour la première fois le jour où quelqu'un essaiera de leur en vendre.""


C'est parti pour la descente aux enfers ... 

Ce roman est bouleversant. Melvin Burgess décrit inexorablement et impassiblement cette longue et terrifiante chute qui emmène des enfants, tout droit dans la gorge du diable. L'auteur s'avère pourtant, ne pas prendre position et c'est ce qui donne toute sa force au roman. Il n'y a pas de morale ni de sermon éthique ; uniquement des faits, des portraits, des séquences de vie et tout cela, dans une sincérité des plus pures. 

« C’était une véritable histoire d’amour. Gemma, moi et la dope. Je n’imaginais pas qu’elle puisse se terminer. Ça a été la plus grande aventure de ma vie », termine Nico, lors du dernier chapitre du roman. Deux ans après avoir quitté Bristol, Nico, pourtant sevré, est conscient qu’il peut replonger à n'importe quel instant. Parce que c’était une histoire d’Amour à trois. Parce qu’il aime et est toujours attaché à Gemma. Parce qu’il aime toujours autant l’héroïne. Et ce, même si c'est elle qui lui a fait vivre les pires moments de sa vie. Mais comme on dit, au final le meilleur triomphe toujours (mais comme à la guerre, il y a toujours des pertes). Cette histoire d’Amour il y a mis un terme sans conviction, plus par devoir que par envie, comme son père avec la boisson. Mais au final, même si l’un ne boit plus que du thé et l’autre ne prend plus que d'héroïne, le père aime toujours autant sa bouteille et le fils sa seringue. Ainsi donc : tel père, tel fils. Et c’est là toute l'originalité du roman de Burgess : il nous raconte bien plus qu’un simple drame contemporain ou une histoire de dépendance ; il raconte une histoire d’amour, périlleuse et dévastatrice. Avec pudeur, l'auteur éveille notre compréhension, notre coeur. Un roman qui laisse des cicatrices, aussi discrètes qu'une piqûre de seringue mais tout aussi tenace que l'héroïne.


Un thème qui me tient à coeur

"Requiem for a dream" de Hubert Celby (adapté au cinéma par Darren Aronofsky), "Transpotting" d'Irvine Welsh (adapté au cinéma par Danny Boyle), le film "Blow" de Ted Demme ou encore "Las Vegas Parano" de Hunter S. Thompson (adapté au cinéma par Terry Gilliam), sont toutes des histoires traitant de la drogue et des descentes aux enfers qu'elle apporte. En somme, des lectures (visuelles si vous regardez les films) toutes aussi bouleversantes et traumatisantes les unes que les autres. C'est un thème qui me touche, pourquoi ? Cela je le garde pour moi. Mais je trouve ça tout aussi traumatisant que passionnant, voir comment la drogue peut vous emmener au paradis pour vous entrainer la seconde d'après dans les limbes de l'enfer. C'est comme aller faire un tour sur une attraction à sensation, de montagnes russes à Disney Land Paris. Bref, avis aux amateurs partageant cette attirance pour ce genre de roman. Et si vous le désirez, trois articles plus bas sur ce blog vous trouverez : "Sous le pont", une nouvelle fantastique que j'ai rédigée il y a un mois et qui est inspirée justement, de cet univers de la drogue.


Touky



- MELVIN Burgess, "Junk", Editions Gallimard, Paris, 2002.  

Critique littéraire - Hunger Games de Suzanne Collins


Cela devient une manie chez les américains de faire des remakes des romans et des films asiatiques. A croire qu’ils ne savent plus quoi inventer, du coup, ils se jettent à corps perdus sur les oeuvres japonaises, coréennes, etc. Suzanne Collins joue tout de même avec le feu et risque bien de s’y brûler si elle compte séduire un nouveau public sans décevoir les fans de la version nipponne. Mais comme on dit, on ne fait pas d’omelette sans casser des oeufs. Maintenant, c’est à ses risques et périls d’en casser trop.

Le roman « Hunger Games »1, littéralement « Les Jeux de la faim », que nous présente Suzanne Collins, fait partie du genre de la science-fiction. Mais plus précisément, c’est un roman d’anticipation dystopique. Celui-ci est dans la lignée des grands classiques d’anticipation dystopiques, tels que « 1984 » de George Orwell ou « Fahrenheit 451» de Ray Bradbury, à cela près que ce premier roman de la trilogie éponyme, s’adresse à la jeunesse. Paru en 2008 aux États-Unis puis décliné en trilogie, « Hunger Games » a connu un succès fulgurant et immédiat : il s'est écoulé à trente millions d'exemplaires et se classe dans le top 10 des best-sellers établi par le « New York Times ». Les droits de la série ont d’ailleurs déjà été vendus dans une quarantaine de pays. En France, les romans font le bonheur de leur éditeur « Pocket Jeunesse », ceux-ci se vendant comme des petits pains en solde. Ainsi, le premier tome a récemment fait l’objet d’une adaptation cinématographique, par le réalisateur Gary Ross, en avril dernier. Mais comme toutes les adaptations, elle garde un côté décevant, malgré sa grande fidélité par rapport au roman.

L'histoire du premier tome commence dans une Amérique post-apocalyptique et futuriste, appelée « Panem », divisée en douze districts. Le Capitole, qui est un gouvernement répressif, autoritaire et dictatorial, pour maintenir ces districts sous son autorité après la rébellion du district Treize, organise annuellement des jeux réunissant vingt-quatre jeunes, un garçon et une fille de chaque district. C’est un jeu de télé-réalité que les habitants de Panem sont forcés de regarder. Le principe étant qu'il ne reste plus qu'un seul survivant à la fin ! Ainsi le gagnant survivra et y gagnera en célébrité tandis que les autres mourront, sans autre forme de procès. On comprend déjà d’emblée pourquoi on peut rapprocher cette histoire de celle de « Battle Royale » de Kōshun Takami qui est basée sur plus ou moins le même concept, ou encore à « Running Man » de Stephen King, basé également sur le principe des jeux de télé-réalité et de mise à mort. Katniss, le personnage principal, est une fille de seize ans vivant dans le district Douze. Depuis la mort de son père, elle doit prendre soin de sa mère et de sa petite soeur Primerose et les aider à survivre en ramenant de la nourriture. Pour cela, elle va aller contre la loi et pénétrer régulièrement dans les bois, afin de trouver à manger en chassant des petits animaux tels que des écureuils, avec Gale, son meilleur ami. Tous les deux ont peur d’être sélectionnés pour les Jeux, mais comme tous les autres habitants, ils n’ont pas le choix et doivent vivre avec. C’est donc à la cérémonie des tirages au sort, appelée la « Moisson », que Prim, la petite soeur de Katniss, est sélectionnée. Dès qu’elle entend son nom, Katniss n’hésite pas une seconde et se porte volontaire pour participer aux Jeux à sa place. Mais le Capitole va en voir de toutes les couleurs avec elle, car celle-ci est obstinée et n’est pas du genre à se laisser faire. Elle pensait avoir vécu les pires difficultés possibles, mais la voilà propulsée dans un décor impétueux, semé de pièges, où la nourriture est aussi peu accessible que dans les districts et, où elle devra remporter les votes des spectateurs qui les observent derrière leur télé. Les candidats tombent comme des mouches tandis que les alliances se font et se défont. L’issue des Jeux sera-t-elle favorable à Katniss ? Mais est-il nécessaire d’apporter une réponse à cette question : nous sommes dans un roman submergé par les tendances américaines et la fin ne peut-être qu’heureuse. Un suspens est tout de même laissé au lecteur afin de lui donner l’envie de se ruer sur les tomes suivants. Il faut bien faire fonctionner la machine commerciale.  

Une chose fort appréciable dans « Hunger Games » est le contraste uchronique entre la pauvreté d’antan, mélangée à la modernité des Jeux et de la technologie ! Le roman de Suzanne Collins possède des qualités qu’on ne peut en rien démentir. De ce fait, il faut le dire, le style d’écriture est magnifique, ce qui amène les lecteurs à lire le roman d’une traite, et ce n'est pas grâce à des figures de style ni à la finesse d’une plume poétique, mais plutôt le résultat d’une qualité d’écriture évocatrice, dont la puissance et la retenue en sont les maîtres mots : le style reste simple, dans sa connotation positive. Ici, c’est bref, aucun mot n’est en trop et chacun des mots est frappant. Du coup, on a des détails clairs et précis sur les personnages et les scènes qui nous permettent de nous imaginer le livre sans ce sentiment de longueur ou d’inutilité que l’on retrouve pourtant souvent dans les pavés de SF. Cela a beau être une oeuvre de fiction, il y a là quelque chose qui relève assurément de la vie vécue, un combat intemporel que tous ceux qui ont déjà vécu peuvent comprendre.

Malgré la pression médiatique présentant la trilogie d’« Hunger Games » comme étant la digne héritière de la lignée des « Harry Potter » et des « Twilight », (belle insulte ceci dit en passant, leur seul point commun étant leur succès commercial) on est pourtant forcé de constater qu’on se retrouve face à un remake édulcoré du roman « Battle Royale » de Kōshun Takami (qui a également été porté à l’écran par le réalisateur japonais Kinji Fukasaku). « Hunger Games » n’a rien de novateur, mais on ne peut pourtant pas parler à proprement dit de plagiat. En effet, ces deux romans, bien qu’ils se basent sur le même concept, concept d’ailleurs plagié par Suzanne Collins, ne connaissent que peu de points communs. Ainsi, à l'univers et l’apparence trash, sombre et sinistre de l'île sur laquelle se déroulaient les jeux sanglants des étudiants de « Battle Royale », l’auteur a composé ici une atmosphère beaucoup moins violente, voire lénifiée, le décor étant planté dans une belle forêt qui n’a rien de lugubre et dont les mises à mort se passent en douceur. Mais il est tout de même affligeant de constater toutes les influences pompées de l’oeuvre de Kōshun Takami telles que les interventions extérieures quand il n’y a pas assez d’adrénaline entre les joueurs : pour « Hunger Games », il s’agit d’une intervention des Juges qui activent des pièges dans l’arène afin de tenir en haleine l’audimat. Pour « Battle Royale », il s’agit de secteurs qui sont fermés, mis en quarantaine progressivement pour obliger les joueurs à s’affronter. En somme, « Hunger Games » n’a rien d’authentique ni de singulier. Mais quoi qu’il en soit, rien ni personne ne détrônera jamais l’original.

Un autre point plus que décevant et qui gâche une grande part du roman : on connaît les scénarios américains, on sait parfaitement que dedans, « tout est bien qui finit bien » et ce, dans le meilleur (comme le pire) des mondes. On nous arrache donc le suspens avant même d’avoir ouvert le livre. Tout le monde sait que Katniss (l’héroïne) ne va pas mourir, ce n’est pas dans les idées des américains de tuer leur(s) héros.  De plus, on ne retrouve pas la vraie nature de l’homme, qui, comme l’histoire nous l’a montré, peut devenir terrifiant s’il est acculé. Mais n’oublions pas que nous sommes dans de la littérature jeunesse, alors quoi de plus normal que de transposer une Raiponce (avec moins de cheveux) dans une arène.

En conclusion, un roman d’une redondance à en dégouter une population de fans de « Battle Royale », mais qui possède quand même pas mal de qualités, tel que le côté révolutionnaire et simple du style d’écriture dans le genre des romans de science-fiction, qui se laissent dévorer sans déplaisir. Bref, un roman à découvrir au risque de vous y heurter : les Jeux sont ouverts.


COLLINS Suzanne, “Hunger Games”, éditions Pocket Jeunesse, Paris, 2009.

Comme une bombe - Patrick Deleperdange

Analyse du titre


D’abord, une bombe est un matériel explosif qui explose de manière brusque et imprévue et qui provoque la stupeur. « Comme une bombe » est une expression exprimant ce qui survient de façon inattendue et brutale.
Le titre est d’un rouge vif. C'est la couleur de la force, de l'activité, du courage. Symbole de feu, le rouge est la lave, l'incandescence, la chaleur. Les rayons infrarouges procurent une sensation de chaleur. Le rouge est un puissant tonique du système nerveux, c'est un excitant qui pousse à l'activité. D’ailleurs, dans une pièce rouge, notre rythme cardiaque a tendance à s'accélérer.
Le rouge est aussi la couleur de l'amour, de l’aphrodisiaque. Mais étant donné que le titre comporte le mot « bombe » je n’irais pas vers cette piste-ci.
S’il est trop vif, le rouge devient le symbole du feu mais d’un feu ravageur. Il est signe de colère. Le feu peut être une piste car les bombes peuvent déclencher un feu. Je pense donc que c’est une piste à ne pas mettre sur le côté.
Ensuite, la typographie est travaillée, elle paraît comme « éclatée » (ce qui rappelle le terme « bombe »), elle est également épaisse ce qui montre une certaine solidité. Les lettres sont en majuscules ce qui marque un plus gros impact visuel. Elles sont également composées de « pleins » et de « déliés » ce qui rappellent l’univers des cartoons et qui signifieraient donc que le public visé soit principalement celui des adolescents.

Enfin, le titre prend pas mal de place sur la première de couverture et il est « encadré » par une loupe, ce qui nous indique déjà une orientation vers le genre policier. 


Analyse de la première de couverture

Sur cette première de couverture, on peut voir une main tenant une loupe de grande taille (ce qui rappelle les enquêtes et donc le genre policier : ce qui se confirme lors de la lecture du roman) à travers laquelle on peut voir le titre mais également la mèche allumée d’une petite bombe artisanale en forme de vieille boîte à conserve. Sur cette bombe est collé à l’aide d’un petit morceau de « Tape » un polaroïd, noir et blanc sur lequel on peut voir une terrasse avec des chaises en bois et deux parasols (mais il n’y a personne sur ce polaroïd, ce qui ne correspond pas à celui décrit dans le roman). Devant ce polaroïd il y a une vieille clé accrochée à un porte-clés rectangulaire et qui est numéroté du chiffre 13 (certainement le numéro d’une chambre d’hôtel ou d’un appartement. Et, en effet, après lecture du roman, c’est bien la clé d’une chambre de l’hôtel du Pélican). Ce nombre est au centre de nombreuses superstitions, mais pour certaines personnes il peut porter bonheur (mais il n’y a pas d’explication à propos de ce chiffre 13 dans le roman).

Ensuite, on a le nom de l’auteur : « Patrick Delperdange » en bas à gauche (typographie simple de type « Times New Roman »). Et enfin à droite, on a le nom de la maison d’édition : « Zone J ».    


Analyse de la quatrième de couverture

Sur la quatrième de couverture on retrouve le nom de l’auteur et le titre dans une typographie simple de type « Times New Roman ». Le fond est blanc, neutre, sans illustration. En bas à gauche on retrouve le nom de la maison d’édition : « Mijade – Zone J », le code barre, le code ISBN et le prix.

Pour ce qui est du résumé, il semble confirmer le genre policier (« Un mort disparaît… ») et y additionne une part de roman d’aventure (« embarqués dans une folle aventure »). Celui-ci dévoile également les informations suivantes : nom du personnage-narrateur (Frank), d’un autre personnage (Noëlle, sa tante) et la tâche dont le héros va être chargé (l’intrigue).

Frank (de son vrai nom, François), est un jeune garçon qui se retrouve embarqué sur la route en direction de la côte par sa tante Noëlle afin de rejoindre Charles, son compagnon, qui est mort depuis une semaine. Dès leur arrivée, ils se rendent compte que son corps a disparu, Frank se désigne enquêteur et est bien décidé à élucider cette affaire avec l’aide de sa tante. Ils décident de prendre une chambre à l’hôtel du Pélican, la chambre n°12, juste à côté de celle où Charles a trouvé la mort. Une carte de visite d’un photographe retrouvée sous le lit de la victime, une photographie mystérieuse et une femme aux dents de lapin (Irène Kalisky) sont le point de départ de l’aventure.

C’est un roman plein de rebondissements et assez amusant mais la fin est fort décevante. En effet, celle-ci est pour le moins banale et on se doutait déjà que Charles n’était pas réellement mort, dès les premiers chapitres. Seul le mobile de l’acharnement de madame Kalisky pour récupérer la photographie de Noëlle ne pouvait être deviné. Mais il est hélas peu original : elle a fait brûler trois de ses résidences en moins de deux ans afin de toucher une belle somme d’argent sur le compte des Assurances Réunies, et cette photographie est la seule preuve prouvant qu’elle était en ville la semaine où sa dernière demeure a brûlée (et donc que c’est elle la responsable).

Ensuite, j’ai beaucoup accroché avec les personnages, mais surtout Frank, le narrateur qui est fort amusant et également fort complexe. Il se dit blasé de tout mais réagit quand même devant des scènes choquantes, dont par exemple à la morgue où il devient presque fou et ouvre tous les tiroirs afin de trouver le corps de Charles, ou encore quand il se retrouve face au frigo plein de sang et qu’il manque de tomber à la renverse. Pas mal de petites choses l’obsèdent et l’énervent également, telles que les gens qui se triturent les poils de barbe ou les cheveux, les gens qui reniflent quand ils sont malades ou qu’ils pleurent, ou le fait d’imaginer que le sol est rempli de racines de plantes, ça le dégoute, il hait les gens qui sifflotent, etc. Bref, un personnage tourmenté mais très amusant.
Un autre personnage qui m’a plu est Irène Kalisky, surtout à cause de son cheveu sur la langue retranscrit dans les dialogues du roman, en remplaçant tous le « s » par des « f » donnant par exemple : « imbéfile » au lieu « d’imbécile », etc.

Ensuite, j’ai adoré le style d’écriture, car il est concis et très efficace. Il n’y a pas de longues phrases ennuyeuses avec des détails inutiles. Ici, c’est bref, aucun mot n’est en trop et chacun des mots est frappant. Du coup, on a des détails clairs et précis sur les personnages et les scènes qui nous permettent de nous imaginer le livre sans ce sentiment de longueur ou d’inutilité.

Un autre point positif que j’aimerais soulever est que l’histoire commence directement. Il ne faut pas plus de cinq pages pour être dans l’histoire. L’air de rien, c’est peut être parce que j’ai du lire cette année trop de « pavés » de SF, mais ça fait longtemps que je n’étais pas rentrer dans un livre aussi rapidement et avec autant de facilité.

Le maître mot que je retiens le plus dans le style : simple, dans sa connotation positive. Ni rapide ni lent, ni complexe ni simpliste. On se laisse transporter l’air de rien. Juste le bémol de la fin, mais bon, le plaisir de la lecture se juge plus au parcours qu’à la dernière page. J’ai pris du plaisir, et pas qu’un peu, c’est la seule chose que je retiens.


Conclusion de mon analyse

Trois genres s’entremêlent dans ce roman. Tout d’abord, celui d’aventure : en effet le récit est ponctué par une succession d’évènements régis par le hasard. Frank même s’il se montre fort perspicace, trouve ses indices par hasard (la carte de visite sous le lit, la photographie dans le sac de sa tante, etc.) Il agit, et va là où le vent l’emmène. C’est pareil pour la bombe qu’il crée à la fin du roman pour faire exploser la porte du garage, il la fabrique avec ce qu’il retrouve au fond de ses poches et ce qui est à sa portée dans ce fameux garage. L'auteur cherche à tenir son lecteur en haleine, utilisant souvent le suspense et provoquant un enchevêtrement des intrigues où, comme je viens de le dire, le hasard joue un rôle important. Le dénouement est fréquemment heureux dans les romans d’aventures et c’est le cas pour celui-ci : Charles est vivant, Frank réussit à faire exploser la porte du garage avec sa bombe artisanale et enfin, il libère sa tante des griffes de madame Kalisky que la police embarque par la suite. En somme, tout est bien qui finit bien !


Un autre genre qui prend une grande part dans ce roman est le policier et plus précisément, le policier d’énigme : dans un roman policier, on « ne cherche pas à être original » (1), on cherche à appliquer une recette. Le jeu de la vérité et le plaisir du déchiffrement y sont privilégiés (2). Ensuite, on retrouve bien sûr le personnage de l’enquêteur qui est souvent un enfant ou un adolescent, doté d’un extraordinaire faculté de résolution : Frank est un adolescent qui se désigne lui-même comme enquêteur dès le troisième chapitre du roman, il se montre également fort perspicace face à tous les indices qu’il trouve, tous les gens qu’il rencontre, etc. Il sait repérer les signes et les interpréter, ainsi son raisonnement analytique vient finalement à bout du hasard. Frank, dès le début du récit, est sûr d’une chose : il veut résoudre cette énigme, élucider cette affaire obscure, découvrir la vérité et se conformer à la loi (bien qu’il commet quand-même quelques infractions à la loi afin d’avancer dans son enquête, telles que la pénétration par infraction dans la chambre n°13 de l’hôtel du Pélican, mais aussi chez Jacques, ou encore l’agression d’un policier, etc.). Le roman policier d’énigme fonctionne en deux temps : dans un premier temps il passe par une énigme dont les pistes, les hypothèses et les solutions se voient multipliées tout au long du roman ; en effet, à chaque nouvel indice qu’il découvre, ou personne qu’il rencontre, Frank émet une nouvelle hypothèse. Et dans un deuxième temps, on clôt le roman en éliminant les hypothèses au bénéfice d’une seule : Charles est vivant et si Kalisky veut à tout prix récupérer la photographie c’est parce qu’elle prouve sa culpabilité dans l’incendie de ses résidences. Ainsi donc, dans ce sous-genre policier, on passe d’une énigme à la solution au moyen d’une enquête.


Et enfin, on retrouve dans ce roman une petite part des caractéristiques du roman réaliste : dont principalement l’écriture en « je » qui a la particularité de vouloir « renvoyer à l’adolescent sa subjectivité propre en privilégiant les expériences douloureuses ou dérisoires »(3), offrant ainsi la forme idéale d’une crise psychologique ou morale. En effet dans « Comme une bombe », Frank s’exprime toujours en « je » et parle beaucoup de ses problèmes psychologiques qui le traquent, mais qu’il a acceptés (tels que le fait d’être obsédé par les gens qui se triturent les poils de barbe ou les cheveux, ou les gens qui reniflent, etc.). Et enfin, car on nous plonge dans un monde fictif, décrit de manière plus ou moins précise afin de nous donner à voir une image des lieux, des événements, etc. afin qu’ils nous paraissent réels.


 

Touky


(1) « Un genre, des genres », dans ROUTISSEAU, Marie-Hélène, Des romans pour la jeunesse ? Décryptage, Paris, Belin, coll. « Guide Belin », 2008, page 6.
(2) IBIDEM, page 7.
(3) « Un genre, des genres », dans ROUTISSEAU, Marie-Hélène, Des romans pour la jeunesse ? Décryptage, Paris, Belin, coll. « Guide Belin », 2008, page 5.

lundi 7 mai 2012

L'étrange cas du docteur Jekyll et de M. Hyde - Robert Louis Stevenson





Un petit tour du côté de la quatrième de couverture


"Un monstre rôde dans les brumes victoriennes de Londres. Il a piétiné une fillette, tué un député et boxé une marchande d'allumettes. C'est un petit homme difforme et mal habillé, qui inspire à tous ceux qui l'ont vu des sentiments mêlés de répulsion, de crainte et de haine. À quoi, à qui ressemble-t-il ? Pourquoi les témoins oculaires de ses méfaits sont-ils incapables de décrire Mr Hyde ? Pourquoi Mr Utterson, le notaire du Dr Jekyll, est-il hanté par le testament de son client, au point de faire des cauchemars ? Pourquoi se lance-t-il sur la piste de Hyde, dans une partie de cache-cache funeste aux dimensions d'une ville-labyrinthe ? Quel lien, en définitive, unit Dr Jekyll à Mr Hyde ?

Issu d'un cauchemar de son auteur, et salué dès sa parution par Henry James comme un chef-d’oeuvre de concision, ce roman policier en trompe-l’oeil, dont les récits imbriqués débouchent sur un conte fantastique, réserve une surprise de taille au lecteur, et de nombreuses zones d'ombre. Dès 1886, Stevenson plonge dans les profondeurs déformantes du miroir de l'âme humaine jusqu'aux racines de l'inconscient."



Rien de bien neuf 

Tout le monde connaît de près ou de loin cette histoire du docteur Jekyll et de Mister Hyde. C'est une bonne chose, sauf quand on a pas encore lu ce roman et qu'on décide de s'y mettre. Cela va de soi, tout le suspens nous est arraché et mâché d'avance. On sait déjà que Hyde est le méchant, que Jekyll est le gentil et qu'eux deux ne forment qu'une seule et même personne. Donc au niveau de l'histoire c'est  inévitablement décevant, je n'ai pu apprécier ce grand classique à sa juste valeur, ce qui restera une grande déception pour ma part.

Au niveau du style, il est très riche, assez soutenu et parfois alambiqué. Il y a de nombreuses descriptions et des phrases à rallonge qui peuvent vite nous embrouiller. Mais n'allons pas nous plaindre du style soutenu de l'écriture d'un livre (nouvelle) qui ne fait qu'une centaine de pages (logique). Et puis, il y a pire : "Le portrait de Dorian Gray". 

De plus, le thème du dédoublement de la personnalité, de la schizophrénie, etc. sont des thèmes bien trop exploités en ce moment, j'adorais au début, c'était même un de mes thèmes de prédilection mais là il faut l'avouer : je sature un peu. 

Une autre chose que je regrette est que le point de vue qui nous est donné est celui d'Utterson, j'aurais d'autant apprécié ce livre si j'avais été dans la peau du docteur. Ce point de vue aurait été bien plus intéressant à mon goût. 

En somme, pleins de petits regrets qui font que je n'ai pu apprécier cette nouvelle qui pourtant fait fureur partout dans le monde et dont on se sert pour toutes sortes d'adaptations, qu'elles soient cinématographiques, musicales, littéraire (bandes dessinées), etc. 





Touky


- STEVENSON R. L., L'étrange Cas du docteur Jekyll et de M. Hyde, Gallimard, "folioplus classiques", 2005, Paris.

vendredi 4 mai 2012

Sous le pont - Touky


Le pont sous lequel je passe ma vie est un vieux pont des années septante. J’aurais aimé vivre dans ces années rock, en plein coeur des rythmes de Jimi Hendrix, Jim Morrison ou Janis Joplin. C’est un pont en arc, il est en forme de voûte avec de chaque côté de celui-ci une butée ornée de magnifiques moulures. Le vent ne souffle pas trop fort, les passants sont rares, la pluie ne m’atteint que rarement, il y a toujours moyen de rester au sec. Pourtant, les autres ont toujours voulu l’éviter, ils racontent des choses sur ce dernier. Il y a déjà eu plusieurs morts, dont Julian il y a deux mois. Certains racontent qu’il a claqué d’une overdose, d’autres que c’est autre chose qui a eu sa peau. Du coup, j’ai l’endroit rien que pour moi, j’ai la paix et une petite décharge à poubelle à quelques mètres sans compter toute la nourriture que peuvent balancer les passants du haut du pont aux canards. Et quand il n’y a pas de nourriture, il me reste toujours les rats et les canards. Bref, la bonne planque, enfin, si on ne compte pas ces rongeurs nocturnes qui se faufilent près de vous quand vous dormez et ces rires étouffés que l’on peut entendre parfois la nuit.

Opter pour une vie : se trouver un job, acheter une maison, choisir de se marier, choisir une bagnole, avoir des enfants, choisir un salon avec divan en cuir et une nouvelle cuisine, choisir la santé et une bonne mutuelle, choisir ses vêtements et les chaussures assorties, vouloir bosser toute la semaine et bricoler le week-end puis s’affaler dans son canapé au coin du feu avec un bon verre de vin, vouloir faire l’amour, s’endormir sur un matelas haut de gamme, choisir un avenir, trouver son chemin. Pourquoi je ferais une telle chose ? J’ai décidé de ne pas opter pour la vie. Et pourquoi ? Nul besoin de justification quand on a l’héroïne.

Les gens mettent ça sur le compte de la tristesse, du désespoir, de la dépression et toutes ces absurdités. Bon d’accord, ça a son rôle à jouer, mais ils oublient une chose essentielle : le plaisir, mais pas le simple plaisir ! C’est une sorte de jouissance à son apogée. Il n’y aurait pas de plaisir, je ne le ferais pas. Vous savez, je ne suis pas complètement stupide, enfin, pas tant que ça.

Le seul souci quand tu es accro à l’héroïne, c’est de te fournir. Le jour où tu décroches, d’un coup, tu commences à être confronté à un tas d’autres conneries. Tu te prends la tête pour la bouffe, pour une équipe de foot qui ne fait que perdre, pour les rapports humains et pour un amas de choses qui n’ont aucune importance quand tu te donnes vraiment à la came. Pour ma part, j’avais le bon deal : Mike, le gars du quartier d’à côté, passait tous les vendredis soir me filer ma came en échange de nourriture que je trouvais à la décharge.

Comme toujours, je faisais fondre la boulette de coton dans la cuillère, je la secouais légèrement avant d’en aspirer 5 ml avec mon aiguille. Je repérais à l’aide d’un garrot une grosse veine bleue. Elle était là, comme posée sur mon bras, en attendant son heure. Je perçais ma chair et, en douceur, pénétrais ma veine. Puis je faisais remonter le sang dans la seringue afin de m’assurer d’être bien dans un vaisseaux sanguin. Soudain, mon regard s’attarda sur le bêton, il y avait une petite parcelle d’herbe, un beau gazon bien vert et en bonne santé. J’étais pourtant certain de ne jamais avoir vu une seule trace de végétation sous ce pont. Et des rires croissants paraissaient sortir tout droit de l’herbe. Je devais être fatigué mais cela m’angoissait. Je me reconcentrais sur mon aiguille et enfin, je m’injectais tout doucement mon fixe. Ce fut comme un énorme orgasme, un fixe d’enfer ! Pas une seule fille sur cette terre ne pourrait m’en procurer un pareil.

Pendant que je sentais ma respiration ralentir, je sentis quelqu’un me frôler. Cette approximative proximité me fit frissonner mais quand je me retournai pour voir ce que c’était, il n’y avait rien ni personne, pas même un rat. Je me surpris à penser qu’on voulait me supprimer, que quelqu’un ou quelque chose me voulait du mal. J’ai chipoté un peu l’herbe avec ma main, elle était d’une douceur singulière. C’était aussi doux que mon coton.

J’ai cuisiné un autre fixe. Je commençais par tenir la cuillère au-dessus de la flamme. J’attendais que la poudre se dissolve. Je pensais : un peu plus de poison éternel, ils n’auront pas ma peau, je ne l’offrirai qu’à ma came. Et je me faisais l’injection avant de m’évader au coeur d’un orgasme profond. Peu de temps après, tout autour de moi jaillit du sol, telle une fontaine, une immense forêt. La rivière s’était métamorphosée en un beau ruisseau bordé de dizaines de fleurs. Mais les rires commencèrent à s’amplifier, ils semblaient provenir de toute cette végétation et résonnaient de plus en plus fort dans ma tête. Avais-je pris une trop grosse dose ? Je n’en savais rien, mais pourtant je les entendais déjà avant de me faire mon fixe. C’était vraiment très curieux. Ensuite, plus étrange encore : des gens apparurent, certains étaient nus, d’autres vêtus de vêtements désuets et bizarres. Je me demandais s’ils étaient comme moi. Ils se déplaçaient en douceur, comme s’ils glissaient sur l’herbe et leurs regards étaient autant figés qu’expressifs. Pourquoi me fixaient-ils tous ? Pourquoi rigolaient-ils ? Pourquoi une telle accoutumance ? D’où sortaient-ils ? Etaient-ils des sans-abris tout comme moi ? Que faisaient-ils là ? D’accord, je m’étais peut-être fait un trop gros fixe, mais j’étais quand même conscient, j’étais tout à fait lucide et réveillé et ce, malgré mes vertiges. Je ne rêvais pas, mais alors, qui étaient-ils ? Leur présence m’oppressait et leurs rires me torturaient.  Soudain, un homme me fixa, il se pencha et, sans détourner le regard et sans prononcer un mot, il plongea sa canne dans le ruisseau afin de m’envoyer une grosse pierre trempée sur le bras. J’ai ri, avant de m’écrouler au sol.

J’ouvris les yeux et me rassurais aussitôt en me disant que ce n’était qu’un mauvais rêve. Mais je sentis soudain une douleur vive dans le bras. Ma vieille chemise humide laissait paraître un gros hématome sur le haut de mon bras et à côté de moi, se trouvait une grosse pierre encore mouillée. Comment était-elle arrivée là ? Personne ne passait jamais par ici. Etait-ce vraiment un rêve ? Si ce n’était qu’un rêve, alors pourquoi avais-je cet hématome sur le bras ? Je sentis un frisson me parcourir tout le corps et je finis par vomir.

Je suis allé me rincer la bouche à la rivière, mais tout en me penchant vers l’eau, je sentis mes pupilles se révulser ainsi que ma respiration ralentir. Soudain, mon regard fut attiré vers l’eau, un visage, celui de l’homme à la canne qui m’avait lancé une pierre, apparut à la surface et disparut en un rien de temps. Je devais encore avoir la tête qui tournait, mais je sentis mon sang se glacer en pensant à tout ce qu’on raconte sur mon pont. Les rires recommencèrent et, sans besoin d’aucun fixe, la forêt et les gens réapparurent. Je me frottais les yeux et me fis une nouvelle dose de came. Aucune différence, les gens me fixaient toujours et se rapprochaient, les rires s’amplifiaient, je n’avais aucune issue alors autant me refaire un fixe. Que me voulaient-ils ? Ils voulaient sûrement m’escarper. Pourquoi me fixaient-ils ? Pourquoi j’avais l’étrange conviction qu’ils me voulaient du mal ? 

Lorsque je redevins lucide, je me dis qu’arrêter l’héro était ma seule chance d’en finir avec cette fantasmagorie, ces rires, cette forêt et ces gens, tous plus étranges les uns que les autres. Mais arrêter c’est impossible. J’aime et me donne à fond pour la came. De plus, m’en passer causerait chez moi une sorte de grippe puissance mille. Tant pis, je vivrais dans cette forêt avec ces gens nus ou vêtus de tissus désuets qui me fixent, si c’est le prix à payer pour le plaisir de l’héroïne. Un nouveau fixe, et je repartis dans la forêt mais je me surpris à hurler : « que me voulez-vous ? Arrêtez de me fixer comme ça ! », tandis que les rires s’accentuaient.

Je me sentis épuisé et m’assis contre un arbre. Je vis à côté de moi une dose toute préparée, je n’avais pourtant aucun souvenir de m’en avoir préparé une. J’ai ri et je me suis préparé un garrot pour la prendre. Mais avant même de faire pénétrer l’aiguille dans ma veine, mon attention fut attirée par quelque chose. J’ai relevé la tête et mon regard se fixa, je sentis mes pupilles se contracter, et ma peau devenir froide. Je ne savais pas si la mort venait ou si je vivais une situation surnaturelle, mais le seul spectacle que je pouvais voir était cet homme à la canne et des amis à lui. Ils étaient installés sur l’herbe et deux d’entre eux, dont une femme nue, me fixaient sous des paupières battantes. 




Touky

A la brocante du coeur - Robert Cormier


Un petit tour du côté de la quatrième de couverture


" Trent ne fait que son métier, mais il le fait bien. Il le fait mieux que personne. Son métier consiste à interroger des suspects. Avec patience, intelligence, tact et malice, avec art. Jusqu'à ce qu'ils avouent leur crime. Face à lui, ils finissent toujours par avouer. Trent a quelque chose d'irrésistible. "Sa touche magique", disent les journaux. "Tu es ce que tu fais", disait sa femme, Lottie, avant de le quitter. Ce jour-là, le crime est particulièrement horrible et la récompense promise à Trent particulièrement désirable. Quitter enfin son bled pourri du Vermont. Faire carrière. Le petit-fils du sénateur Gibbons était en CE2 avec Alice, la victime, sept ans. "La ville a besoin d'une arrestation, les familles sont bouleversées. Écrivez vous-même l'addition. Je tiens toujours mes promesses", dit le sénateur. La police a mis la main sur Jason, douze ans, qui a passé l'après-midi à faire un puzzle avec Alice. C'est un garçon original, maladroit, timide, violent à ses heures. Très observateur. Épris de justice. Un marginal, donc. Le seul problème, c'est qu'il nie. Trent se met au travail."


Par où commencer ? 


"Les choses infectes.
Je dois rester tapi au pied de chaque échelle,
dans l'infecte brocante du coeur."

Donc, comme dit dans le résumé ci-dessus : Trent est appelé dans une petite ville du Vermont où une fillette a été tuée. On a promis au policier un avancement très important pour sa carrière qui piétine, mais à condition de faire avouer Jason, un garçon de 12 ans, même s'il n'a pas l'air coupable. Commence alors un face à face d'une extrême tension entre les deux personnages, climat d'angoisse et de malaise qui gagne en intensité jusqu'à la fin. C'est un texte très fort et sans concession, noir jusqu'au bout, avec un terrible retournement final, bref une histoire bien écrite à laquelle il est impossible d'échapper. 

Chercher le mal là où il n'y en a pas


Au lieu d'enquêter judicieusement, de rechercher des preuves, on accuse un enfant dont l'innocence ne fait aucun doute. Une simple hésitation suffirait à stopper cette machination politique. Mais non, et c'est là toute la puissance du roman "A la brocante du coeur". Il dénonce un marchandage entre la politique et la machine policière. Une investigation fondée sur l'intimidation. Trent a senti l'innocence de l'enfant mais il continue son interrogatoire insidieux, tout corrompu qu'il est. L'enfant est perturbé et perdu. C'est révoltant et durant ma lecture j'ai sentis tout au fond de moi, au fur et à mesure que je tournais les pages, grandir une haine incroyable.

J'ai adoré ce roman car il m'a révolté. La fin est surprenante et même étonnamment intelligente. Un moment de lecture puissant sur l'esprit humain et son mécanisme complexe. Un roman sur les dérives policières, la manipulation mentale, la destruction de l'innocence et de l'enfance. En somme, un petit chef-d'oeuvre qui vous mettra les nerfs mais à ne surtout pas manquer.




Je termine par "Iron" de Woodkid, un de mes plus gros coup de coeur en matière musicale. De plus les paroles sont enivrantes mais ce qui me plait le plus c'est LE CLIP, il est extraordinaire, colossal, intriguant, d'une esthétique fabuleuse et à vous couper le souffle. Bref, il est prodigieusement remarquable ! Et vous me direz "Pourquoi ce clip, cette chanson ?" : car je l'associe à l'ambiance du roman et son univers aussi pesant que révoltant.




Deep in the ocean, dead and cast away
Where innocence is burned in flames
A million mile from home, I'm walking ahead
I'm frozen to the bones, I am

A soldier on my own, I don't know the way
I'm riding up the heights of shame
I'm waiting for the call, the hand on the chest
I'm ready for the fight, and fate

The sound of iron shocks is stuck in my head,
The thunder of the drums dictates
The rhythm of the falls, the number of dead's
The rising of the horns, ahead

From the dawn of time to the end of days
I will have to run, away
I want to feel the pain and the bitter taste
Of the blood on my lips, again

This deadly burst of snow is burning my hands,
I'm frozen to the bones, I am
A million mile from home, I'm walking away
I can't remind your eyes, your face.


<3



Touky




- CORMIER Robert, A la brocante du coeur, Editions L'Ecole des Loisirs, Collection Médium, France, 2002.

mardi 1 mai 2012

Le doigt tendu - Claude Raucy


J'ai pris ce livre en me réjouissant car j'adore ceux traitant de la guerre ("Elle s'appelait Sarah" de Tatiana Rosnay, Anne Franck, etc. mais les films également tels que "Le garçon au pyjama rayé", "La rafle", "La chute", "La vie est belle", etc.). 

Mais n'y allons pas par quatre chemins... Je suis déçue! Je n'ai pas envie de détruire ce roman car il n'a pas été un fardeau à lire (comme "Génésis" de Bernard Beckett, par exemple), bien au contraire, mais il m'a laissée vide et j'aurais donc quelques petites choses à lui reprocher. 

Déjà (oui malgré tous les livres qu'on a à lire cette année, je vais me plaindre à ce sujet) : sa longueur ; on passe d'un chapitre à l'autre sans rien approfondir, en ne nous fournissant que peu d'informations. Mais peu d'informations signifie peu de détails en général mais sur les personnages également, ce qui m'empêche de m'y attacher, de ressentir des sentiments, ceux de haine, de colère, de révolte, etc. qu'un livre traitant de la guerre devrait apporter à son lecteur. Je trouve donc ce roman vide, on le lit sans y rentrer, il n'y a aucune ouverture, on flotte au-dessus de lui sans le toucher, sans qu'il nous touche et on le quitte en laissant notre carcasse désespérément vide. Ensuite ce livre, sans vouloir passer pour une assoiffée d'horreur et de sang, manque d'atrocité. L'auteur, n'approfondissant pas son sujet, ne nous donne pas à voir les réalités de la guerre. Elle parait donc plus courte, moins atroce, ce qui est hélas bien loin de la réalité des faits. Enfin, je terminerai par un point positif : j'ai beaucoup apprécié la fin du roman, Pierre ne se vengeant pas et décidant de laisser Jacques en vie, montre toute sa maturité, il montre qu'il a grandi et qu'il n'est plus un enfant. Il a le choix et il fait le bon : il laisse la vie sauve à son ancien ami se démarquant ainsi des nazis et de leurs alliés, responsables de toute l'horreur de la guerre.



Pour en savoir plus sur cet auteur : son blog !


Touky


- RAUCY Claude, Le doigt tendu, Editions Mijade, Collection Memor, Namur, 2007.