vendredi 18 mai 2012

Comme une bombe - Patrick Deleperdange

Analyse du titre


D’abord, une bombe est un matériel explosif qui explose de manière brusque et imprévue et qui provoque la stupeur. « Comme une bombe » est une expression exprimant ce qui survient de façon inattendue et brutale.
Le titre est d’un rouge vif. C'est la couleur de la force, de l'activité, du courage. Symbole de feu, le rouge est la lave, l'incandescence, la chaleur. Les rayons infrarouges procurent une sensation de chaleur. Le rouge est un puissant tonique du système nerveux, c'est un excitant qui pousse à l'activité. D’ailleurs, dans une pièce rouge, notre rythme cardiaque a tendance à s'accélérer.
Le rouge est aussi la couleur de l'amour, de l’aphrodisiaque. Mais étant donné que le titre comporte le mot « bombe » je n’irais pas vers cette piste-ci.
S’il est trop vif, le rouge devient le symbole du feu mais d’un feu ravageur. Il est signe de colère. Le feu peut être une piste car les bombes peuvent déclencher un feu. Je pense donc que c’est une piste à ne pas mettre sur le côté.
Ensuite, la typographie est travaillée, elle paraît comme « éclatée » (ce qui rappelle le terme « bombe »), elle est également épaisse ce qui montre une certaine solidité. Les lettres sont en majuscules ce qui marque un plus gros impact visuel. Elles sont également composées de « pleins » et de « déliés » ce qui rappellent l’univers des cartoons et qui signifieraient donc que le public visé soit principalement celui des adolescents.

Enfin, le titre prend pas mal de place sur la première de couverture et il est « encadré » par une loupe, ce qui nous indique déjà une orientation vers le genre policier. 


Analyse de la première de couverture

Sur cette première de couverture, on peut voir une main tenant une loupe de grande taille (ce qui rappelle les enquêtes et donc le genre policier : ce qui se confirme lors de la lecture du roman) à travers laquelle on peut voir le titre mais également la mèche allumée d’une petite bombe artisanale en forme de vieille boîte à conserve. Sur cette bombe est collé à l’aide d’un petit morceau de « Tape » un polaroïd, noir et blanc sur lequel on peut voir une terrasse avec des chaises en bois et deux parasols (mais il n’y a personne sur ce polaroïd, ce qui ne correspond pas à celui décrit dans le roman). Devant ce polaroïd il y a une vieille clé accrochée à un porte-clés rectangulaire et qui est numéroté du chiffre 13 (certainement le numéro d’une chambre d’hôtel ou d’un appartement. Et, en effet, après lecture du roman, c’est bien la clé d’une chambre de l’hôtel du Pélican). Ce nombre est au centre de nombreuses superstitions, mais pour certaines personnes il peut porter bonheur (mais il n’y a pas d’explication à propos de ce chiffre 13 dans le roman).

Ensuite, on a le nom de l’auteur : « Patrick Delperdange » en bas à gauche (typographie simple de type « Times New Roman »). Et enfin à droite, on a le nom de la maison d’édition : « Zone J ».    


Analyse de la quatrième de couverture

Sur la quatrième de couverture on retrouve le nom de l’auteur et le titre dans une typographie simple de type « Times New Roman ». Le fond est blanc, neutre, sans illustration. En bas à gauche on retrouve le nom de la maison d’édition : « Mijade – Zone J », le code barre, le code ISBN et le prix.

Pour ce qui est du résumé, il semble confirmer le genre policier (« Un mort disparaît… ») et y additionne une part de roman d’aventure (« embarqués dans une folle aventure »). Celui-ci dévoile également les informations suivantes : nom du personnage-narrateur (Frank), d’un autre personnage (Noëlle, sa tante) et la tâche dont le héros va être chargé (l’intrigue).

Frank (de son vrai nom, François), est un jeune garçon qui se retrouve embarqué sur la route en direction de la côte par sa tante Noëlle afin de rejoindre Charles, son compagnon, qui est mort depuis une semaine. Dès leur arrivée, ils se rendent compte que son corps a disparu, Frank se désigne enquêteur et est bien décidé à élucider cette affaire avec l’aide de sa tante. Ils décident de prendre une chambre à l’hôtel du Pélican, la chambre n°12, juste à côté de celle où Charles a trouvé la mort. Une carte de visite d’un photographe retrouvée sous le lit de la victime, une photographie mystérieuse et une femme aux dents de lapin (Irène Kalisky) sont le point de départ de l’aventure.

C’est un roman plein de rebondissements et assez amusant mais la fin est fort décevante. En effet, celle-ci est pour le moins banale et on se doutait déjà que Charles n’était pas réellement mort, dès les premiers chapitres. Seul le mobile de l’acharnement de madame Kalisky pour récupérer la photographie de Noëlle ne pouvait être deviné. Mais il est hélas peu original : elle a fait brûler trois de ses résidences en moins de deux ans afin de toucher une belle somme d’argent sur le compte des Assurances Réunies, et cette photographie est la seule preuve prouvant qu’elle était en ville la semaine où sa dernière demeure a brûlée (et donc que c’est elle la responsable).

Ensuite, j’ai beaucoup accroché avec les personnages, mais surtout Frank, le narrateur qui est fort amusant et également fort complexe. Il se dit blasé de tout mais réagit quand même devant des scènes choquantes, dont par exemple à la morgue où il devient presque fou et ouvre tous les tiroirs afin de trouver le corps de Charles, ou encore quand il se retrouve face au frigo plein de sang et qu’il manque de tomber à la renverse. Pas mal de petites choses l’obsèdent et l’énervent également, telles que les gens qui se triturent les poils de barbe ou les cheveux, les gens qui reniflent quand ils sont malades ou qu’ils pleurent, ou le fait d’imaginer que le sol est rempli de racines de plantes, ça le dégoute, il hait les gens qui sifflotent, etc. Bref, un personnage tourmenté mais très amusant.
Un autre personnage qui m’a plu est Irène Kalisky, surtout à cause de son cheveu sur la langue retranscrit dans les dialogues du roman, en remplaçant tous le « s » par des « f » donnant par exemple : « imbéfile » au lieu « d’imbécile », etc.

Ensuite, j’ai adoré le style d’écriture, car il est concis et très efficace. Il n’y a pas de longues phrases ennuyeuses avec des détails inutiles. Ici, c’est bref, aucun mot n’est en trop et chacun des mots est frappant. Du coup, on a des détails clairs et précis sur les personnages et les scènes qui nous permettent de nous imaginer le livre sans ce sentiment de longueur ou d’inutilité.

Un autre point positif que j’aimerais soulever est que l’histoire commence directement. Il ne faut pas plus de cinq pages pour être dans l’histoire. L’air de rien, c’est peut être parce que j’ai du lire cette année trop de « pavés » de SF, mais ça fait longtemps que je n’étais pas rentrer dans un livre aussi rapidement et avec autant de facilité.

Le maître mot que je retiens le plus dans le style : simple, dans sa connotation positive. Ni rapide ni lent, ni complexe ni simpliste. On se laisse transporter l’air de rien. Juste le bémol de la fin, mais bon, le plaisir de la lecture se juge plus au parcours qu’à la dernière page. J’ai pris du plaisir, et pas qu’un peu, c’est la seule chose que je retiens.


Conclusion de mon analyse

Trois genres s’entremêlent dans ce roman. Tout d’abord, celui d’aventure : en effet le récit est ponctué par une succession d’évènements régis par le hasard. Frank même s’il se montre fort perspicace, trouve ses indices par hasard (la carte de visite sous le lit, la photographie dans le sac de sa tante, etc.) Il agit, et va là où le vent l’emmène. C’est pareil pour la bombe qu’il crée à la fin du roman pour faire exploser la porte du garage, il la fabrique avec ce qu’il retrouve au fond de ses poches et ce qui est à sa portée dans ce fameux garage. L'auteur cherche à tenir son lecteur en haleine, utilisant souvent le suspense et provoquant un enchevêtrement des intrigues où, comme je viens de le dire, le hasard joue un rôle important. Le dénouement est fréquemment heureux dans les romans d’aventures et c’est le cas pour celui-ci : Charles est vivant, Frank réussit à faire exploser la porte du garage avec sa bombe artisanale et enfin, il libère sa tante des griffes de madame Kalisky que la police embarque par la suite. En somme, tout est bien qui finit bien !


Un autre genre qui prend une grande part dans ce roman est le policier et plus précisément, le policier d’énigme : dans un roman policier, on « ne cherche pas à être original » (1), on cherche à appliquer une recette. Le jeu de la vérité et le plaisir du déchiffrement y sont privilégiés (2). Ensuite, on retrouve bien sûr le personnage de l’enquêteur qui est souvent un enfant ou un adolescent, doté d’un extraordinaire faculté de résolution : Frank est un adolescent qui se désigne lui-même comme enquêteur dès le troisième chapitre du roman, il se montre également fort perspicace face à tous les indices qu’il trouve, tous les gens qu’il rencontre, etc. Il sait repérer les signes et les interpréter, ainsi son raisonnement analytique vient finalement à bout du hasard. Frank, dès le début du récit, est sûr d’une chose : il veut résoudre cette énigme, élucider cette affaire obscure, découvrir la vérité et se conformer à la loi (bien qu’il commet quand-même quelques infractions à la loi afin d’avancer dans son enquête, telles que la pénétration par infraction dans la chambre n°13 de l’hôtel du Pélican, mais aussi chez Jacques, ou encore l’agression d’un policier, etc.). Le roman policier d’énigme fonctionne en deux temps : dans un premier temps il passe par une énigme dont les pistes, les hypothèses et les solutions se voient multipliées tout au long du roman ; en effet, à chaque nouvel indice qu’il découvre, ou personne qu’il rencontre, Frank émet une nouvelle hypothèse. Et dans un deuxième temps, on clôt le roman en éliminant les hypothèses au bénéfice d’une seule : Charles est vivant et si Kalisky veut à tout prix récupérer la photographie c’est parce qu’elle prouve sa culpabilité dans l’incendie de ses résidences. Ainsi donc, dans ce sous-genre policier, on passe d’une énigme à la solution au moyen d’une enquête.


Et enfin, on retrouve dans ce roman une petite part des caractéristiques du roman réaliste : dont principalement l’écriture en « je » qui a la particularité de vouloir « renvoyer à l’adolescent sa subjectivité propre en privilégiant les expériences douloureuses ou dérisoires »(3), offrant ainsi la forme idéale d’une crise psychologique ou morale. En effet dans « Comme une bombe », Frank s’exprime toujours en « je » et parle beaucoup de ses problèmes psychologiques qui le traquent, mais qu’il a acceptés (tels que le fait d’être obsédé par les gens qui se triturent les poils de barbe ou les cheveux, ou les gens qui reniflent, etc.). Et enfin, car on nous plonge dans un monde fictif, décrit de manière plus ou moins précise afin de nous donner à voir une image des lieux, des événements, etc. afin qu’ils nous paraissent réels.


 

Touky


(1) « Un genre, des genres », dans ROUTISSEAU, Marie-Hélène, Des romans pour la jeunesse ? Décryptage, Paris, Belin, coll. « Guide Belin », 2008, page 6.
(2) IBIDEM, page 7.
(3) « Un genre, des genres », dans ROUTISSEAU, Marie-Hélène, Des romans pour la jeunesse ? Décryptage, Paris, Belin, coll. « Guide Belin », 2008, page 5.

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